Ceci est une fake news, une info complètement fausse !

Si je me suis amusé à écrire une fake news, ce n’est pas parce que personne ne lit ma lettre mensuelle, mais c’est pour introduire le sujet de celle de ce mois d’octobre :

Pourquoi Google répond-il à certaines personnes que le réchauffement climatique n’existe pas ?1

Un documentaire

Ce mois-ci est sorti Derrière nos écrans de fumée (The Social Dilemma), le nouveau documentaire du réalisateur américain Jeff Orlowski. C’est un docudrame (entendez par là un documentaire mélangé avec des scènes de fiction) qui aborde cette question :

Que font les géants d’internet et les réseaux sociaux à notre cerveau et à nos sociétés ?
Que font les géants d’internet et les réseaux sociaux à notre cerveau et à nos sociétés ?
Pourquoi existe-t-il aujourd’hui des gens qui pensent à nouveau que la terre est plate, que les vaccins sont faits pour nous mettre une puce dans le cerveau et que Bill Gates a créé le Coronavirus ?

Pour tenter de répondre à ces questions, le réalisateur donne la parole à des personnes qui ont fabriqué des services que nous utilisons tous les jours et qui ont toutes quitté leur fonction pour des raisons éthiques : l’un a créé le bouton “j’aime” de Facebook, un autre a dirigé Pinterest, ce sont des ingénieur·es, des universitaires, des développeur·ses et des responsables de communautés qui ont contribué à mettre au point et à monétiser des services comme YouTube, Gmail, Facebook, Instagram ou encore Twitter.

Quand l’algorithme déborde dans la société

Le point très important, à mon sens, que soulève ce documentaire est que des outils comme Facebook, Twitter ou Google ont des conséquences très importantes dans la société qui concernent même les gens qui n’utilisent pas leurs services.

Pourquoi le nombre de suicides chez les ados a-t-il soudainement augmenté depuis qu’internet est arrivé sur les téléphones ? Comment se fait-il que dans beaucoup de pays, y compris la France, la polarisation politique de la société ne cesse de s’accroitre depuis cette dernière décennie, fragilisant la démocratie ?2

Chacun sa toile

En effet, le documentaire nous explique comment ces géants du web personnalisent notre expérience du Net, pour nous orienter vers du contenu qui leur rapporte de l’argent, au point que même les personnes les plus proches dans la vie quotidienne ne voient pas les mêmes informations lorsqu’elles surfent sur le Net !

De nombreux exemples de fake news sont évoqués (comme le coronavirus, la terre plate, le pizzagate, les Rohingyas, le racisme, l’homophobie, le climatoscepticisme…) et une question se pose : que devient le récit collectif ?

Mais je te dis que tout le monde en parle !

Ce récit serait-il devenu un récit individuel, mais qui, par l’abus de ces entreprises et de leurs algorithmes de recommandation, nous semblerait collectif ?

Le premier exemple qui me vient est notre vision actuelle, en France, du coronavirus. Ne passons-nous pas des heures à discuter avec notre entourage de notre avis sur le virus, de notre perception de la peur, du risque, en nous appuyant sur des informations que nous avons vues ici ou là ? Et beaucoup d’entre nous sont persuadé·es d’avoir raison !
Il semblerait qu’en France, entre le scepticisme, le Raoultisme, le déni et la peur, nous n’ayons pas vraiment les bases d’un récit collectif concernant cette épidémie, alors que dans d’autres pays la population peut sembler plus accordée sur le sujet. Pourquoi ? C’est une autre question et je ne vais pas me servir de cette newsletter pour donner mon avis sur la gestion de la crise par l’état français. Néanmoins, force est de constater que personne autour de moi n’a le même avis sur cette épidémie et que notre pays semble se cliver un peu plus chaque jour, alors que nous ne faisons qu’essayer de comprendre.

Internet, c’est mal ?

Ce documentaire est à voir bien qu’il est assez grandiloquent, il a le mérite de dire les choses. Mais si je dois lui faire un reproche, c’est celui d’aborder internet comme on aborde la cigarette, c’est-à-dire comme une addiction, quelque chose de nocif.

Car s’il n’existe pas de “bonne cigarette”, il existe un autre numérique plus humain, plus éthique, plus responsable que celui des géants GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft). Au-delà de l’intensité dramatique empruntée par le film, il est important de rappeler qu’internet il y a vingt ans ne ressemblait pas à internet aujourd’hui. Internet n’a pas été créé par le monde capitaliste pour des intérêts capitalistes. Il existe un très grand nombre d’ONG, d’associations, de fondations qui, à grande ou petite échelle, fabriquent d’autres internet. Ces outils comme les réseaux sociaux ou les moteurs de recherche ne font pas qu’exclure les adolescentes et les pousser au suicide, ils les rassemblent et leur permettent de s’émanciper autrement.

Le problème n’est donc pas l’outil “Internet” en soi, mais l’utilisation qu’en font ces GAFAM et le monopole qu’ils y opèrent, pesant directement sur nos sociétés.

Voir le documentaire

Durée : 1h34
Langues : Français (VF) / Anglais sous-titré en Français (VostFR)
Date de sortie : le documentaire est sorti sur Netflix le 9 septembre.
Bande annonce : Voir la bande annonce
Site officiel : Voir le site officiel (anglais)

Si vous n’avez pas d’accès à Netflix, vous pouvez le regarder sur PeerTube, un YouTube Libre. (voir liens ci-dessous)
Voir sur Netflix Voir sur PeerTube (vostFR) Voir sur PeerTube (VF)

Prenez soin de vous,
Herminien


  1. Le documentaire commence avec cette démonstration : lorsque vous recherchez “réchauffement climatique” sur Google, vous n’obtenez pas les mêmes résultats en fonction de qui vous êtes et certains résultats sont en premier lieu climatosceptiques. ↩︎

  2. Données statistiques énoncées dans le film. ↩︎